Soutien aux déboulonneurs

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[Lille] Soutiens pour le procès

mercredi 3 juin 2015, par Lille

« LETTRE COLLECTIVE DE SOUTIEN AUX ANTI-PUBS DE LILLE EN PROCÈS LE 9 JUIN 2015
POUR AVOIR BARBOUILLÉ DES PANNEAUX PUBLICITAIRES DEVANT UNE ÉCOLE.

Deux membres du collectif anti-pub des déboulonneurs, Alessandro Di Giuseppe et Mallory Fossard, seront en procès le 9 juin 2015 pour avoir barbouillé des panneaux publicitaires devant une école de Lille, en mai 2014, ainsi que pour avoir refusé de donner leur ADN.

Nous soutenons cette réaction légitime et nécessaire, effectuée en plein jour, dans le but de dénoncer l’agression publicitaire que subit de plus en plus la population et, en particulier, les enfants. »

Paul ARIÈS, politologue, écrivain, fondateur de la revue Z’indignés /
Boris AUBLIGINE, chercheur en éthique et environnement, fondateur d’Etika Mondo /
AUREL, dessinateur /
Gilles BALBASTRE, co-réalisateur des "Nouveaux chiens de garde" /
Walter BASSAN, résistant à l’occupation nazie, militant syndical /
Anne BEAUMANOIR, résistante à l’occupation nazie, neurophysiologue /
Miguel BENASSAYAG, philosophe, écrivain, psychanalyste /
BERTH, dessinateur /
Jean-Claude BESSON-GIRARD, peintre, écrivant, objecteur de croissance, auteur /
Martine BILLARD, ancienne députée, Parti de Gauche /
Jean-Marie BROHM, philosophe, sociologue /
Jean-Pierre BOUYXOU, journaliste, écrivain, réalisateur /
CARALI, dessinateur /
Vincent CHEYNET, Rédacteur en chef de « La Décroissance » /
Eric COCQUEREL, secrétaire national du Parti de Gauche /
Pierre CONCIALDI, économiste, conseil scientifique d’Attac /
Bernard COTTAZ-CORDIER, conseil national du Parti de Gauche /
Thomas COUTROT, économiste, écrivain, co-président d’Attac /
Benoit DELEPINE, réalisateur, comédien /
Olivier DELORME, romancier /
Ana DUMITRESCU, réalisatrice /
EDIKA, dessinateur /
Frédéric FROMET, chroniqueur /
Jean GADREY, Professeur d’économie à Lille /
Alain GENEST, Acrimed /
Sergio GHIRARDI, écrivain /
Noël GODIN, entarteur, écrivain, acteur /
Gunter GORHAN, philosophe, juriste /
Yvan GRADIS, publiphobe, écrivain, peintre /
Cristine HUDIN, éditrice /
Angélique IONATOS, chanteuse, musicienne /
JIHO, dessinateur /
Stathis KOUVELAKIS, philosophe, comité central de Syriza /
Bernard LANGLOIS, fondateur de Politis /
LARGE, dessinateur /
LASSERPE, dessinateur /
Serge LATOUCHE, économiste, écrivain /
Eloise LEBOURG, journaliste, organisatrice des Rencontres nationales des médias libres /
Michel LEPESANT, philosophe, objecteur de croissance /
Etienne LIEBIG, éducateur, journaliste, écrivain /
Yan LINDINGRE, rédacteur-en-chef de Fluide Glacial, journal anti-pub depuis 1975 /
Xavier MATHIEU, militant syndical, acteur /
Stéphane MERCURIO, réalisatrice /
Jean-Henri MEUNIER, réalisateur /
Flavien MOREAU, journaliste Zélium /
Corinne MOREL-DARLEUX conseillère régionale Rhône-Alpes, Parti de Gauche
Eric PETETIN, zadiste /
Serge PEY, poète /
Serge QUADRUPPANI, écrivain, éditeur, chroniqueur /
Jean-Jacques REBOUX, écrivain, éditeur /
Benoist REY, écrivain libertaire /
Camille ROBERT, réalisatrice /
Denis ROBERT, journaliste, réalisateur /
Nicolas ROMEAS, fondateur de la revue Cassandre /
Jean-Jacques RUE, journaliste, cinémas Utopia /
Luc SEMAL, politiste, Maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle /
SINÉ, dessinateur, fondateur de Siné Mensuel /
Maud SINET, journaliste, correctrice /
Mathieu SOUDAIS, TV Bruits /
Dyvan le TERRIBLE, chanteur, musicien /
Pierre THIESSET, Journaliste et éditeur /
Serge UTGÉ-ROYO, chanteur, musicien /
François VAILLANT, directeur de « Alternatives non-violentes » /
Sylvie VAN HIEL BROODTHAERS, correctrice /
Bruno VILLALBA, professeur de Science Politique Ceraps – AgroParisTech /
Samuel WAHL, journaliste, revue Cassandre /
Yannis YOULOUNTAS, philosophe, écrivain, réalisateur

Voir aussi les mots de soutien de :

- Jean Gadrey, Professeur d’économie à Lille
- Benoît Delépine, Réalisateur
- Vincent Cheynet, Rédacteur en chef de « La Décroissance »
- Bruno Villalba, Professeur de Science Politique Ceraps – AgroParisTech
- Paul Ariès, Politologue, rédacteur en chef du mensuel les Zindigné(e)s
- Pierre Thiesset, Journaliste et éditeur
- Luc Semal, politiste, Maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle
- Serge Latouche, Professeur émérite d’économie à l’Université d’Orsay, objecteur de croissance
- Jean-Claude Besson-Girard, peintre, écrivant, objecteur de croissance, auteur
- Actualutte
- Marie-Noëlle Bas, présidente des Chiennes de garde
- Fabien Charbonnier, chercheur en agroécologie dans le Chiapas
- Olivier Chantraine, Professeur émérite de Sciences de l’Information et la Communication à l’Université Lille III, militant du Parti de Gauche


Jean Gadrey, Professeur d’économie à Lille

Je suis totalement solidaire des actions menées à Lille par les personnes accusées de très légères dégradations de quelques grands supports de publicité. Je fais partie des citoyens, de plus en plus nombreux, qui estiment qu’on ne devrait pas autoriser les modalités de publicité « non sollicitées », qu’il s’agisse des boîtes à lettre, des mails, des appels téléphoniques importuns, et, dans le cas présent, de l’envahissement d’une partie de l’espace public urbain.
Il s’agit de comportements mercantiles qui affectent la vie privée, le libre-arbitre et la vie en collectivité, et qui constituent une pollution visuelle. Ces dispositifs impressionnants et coûteux nous prennent pour cible, sans notre accord, dans une perspective purement mercantile. A ce niveau de démesure il ne peut s’agir d’informer le consommateur, mais bel et bien de l’influencer, de tenter de le convaincre que le superflu lui est nécessaire, de transformer d’authentiques besoins en pulsions éphémères.
Contester ces modes d’influence, agir pour que cela se sache, est légitime, y compris lorsque cela passe par un peu de peinture... L’illégitimité est du côté des poseurs de panneaux et autres supports géants et de ceux qui contractent avec eux en transformant une partie de notre espace public en espace de la marchandise. Il s’agit en fait de la seule vraie dégradation qu’il faudrait condamner, et elle n’est pas « légère ».
Voir aussi sonblog


Benoît Delépine, Réalisateur

Je soutiens avec conviction le combat d Alessandro di Giusseppe contre les moulins à vent de la publicité. Si encore ceux d’antan avaient l’avantage de moudre du grain, ceux d’aujourd’hui ne sèment que faux espoirs et frustrations !


Vincent Cheynet, Rédacteur en chef de « La Décroissance »

Je soussigné Vincent Cheynet, rédacteur en chef du journal La Décroissance, soutient Alessandro di Giuseppe dans son action citoyenne héroïque et toujours pleine d’humour contre la publicité, activité purement parasitaire et véritable peste contemporaine aux conséquences à tous les niveaux, mais notamment sanitaires, dénoncées à moult reprises par les autorités les plus qualifiées.


Bruno Villalba, Professeur de Science Politique Ceraps – AgroParisTech

Par la présente, je tiens à vous faire part de mon soutient à M. Alessandro Di Giuseppe.
M. Di Giuseppe fait actuellement l’objet d’une action judiciaire pour une « dégradation » sur une affiche publicitaire, située à proximité d’une école. Cette action, commise selon les principes de la désobéissance civile, a, semble-t-il, respectée la transparence et la visibilité de l’action, le souci de ne porter atteinte à aucune personne ou bien d’une propriété privée.

L’action de M. Di Giuseppe s’inscrit dans une mobilisation collective, celle des Déboulonneurs, qui rend publique chacune de ses actions. Cette association et ses membres ne font l’objet d’aucune interdiction. Il est donc tout à fait regrettable que M. Di Giuseppe fasse l’objet d’une procédure sélective et déconnectée de son enjeu social et politique.

La désobéissance civile non-violente au grand jour ne doit pas constituer un motif d’action judiciaire et répressive, tout comme le fait de soumettre M. Di Giuseppe a un prélèvement ADN qui représente, faut-il encore une fois le rappeler, une action complètement injustifiée au regard des faits expliquant son interpellation.

L’action de M. Di Giuseppe est une forme d’expression proprement politique qu’il convient de ne pas criminaliser.


Paul Ariès, Politologue, rédacteur en chef du mensuel les Zindigné(e)s

Le procès intenté à Alessandro di Giuseppe est une belle occasion d’instruire le procès contre l’agression publicitaire à l’école parfois même sous la forme de kits pédagogiques.

J’ai assez longtemps animé le Mouvement pour une Rentrée scolaire sans marque pour savoir à quel point les parents et les enseignants sont hostiles à cette manipulation des enfants. Veut-on d’une situation scolaire à l’américaine où les enfants sont du temps de cerveau disponible pour les marchands de produits le plus souvent malsains ???

Nous avons besoin dans ce domaine de lanceurs d’alerte comme Alessandro di Giuseppe.

A nous de faire de ce procès l’occasion de grands débats contre la publicité à l’école. Nos enfants ne sont pas de la chair à pub. Nos enfants doivent être respectés.

Le réquisitoire publié dans Le Petit manuel anti-pub reste toujours malheureusement d’actualité. J’apporte tout mon soutien à Alessandro di Giuseppe au nom du collectif organisateur des forums nationaux de la désobéissance et du mensuel les Zindigné(e)s.


Pierre Thiesset, Journaliste et éditeur

Je soussigné Pierre Thiesset, journaliste et fondateur des éditions Le Pas de côté, soutient l’action des déboulonneurs lillois dans leur lutte contre l’oppression publicitaire. Jacques Séguéla dit d’une affiche qu’elle « n’a pas le temps de séduire, elle doit violer », pour mieux « laisser des traces1 » dans les têtes des passants. Les menées des violeurs-publicitaires sont néfastes, et ont des conséquences destructrices sur la santé, les rapports sociaux, l’environnement. Ce ne sont pas ceux qui résistent à la publicité qui doivent être sur le banc des accusés, mais ceux qui la font.


Luc Semal, politiste, Maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle

Cher Alessandro, Cela fait maintenant une dizaine d’années que j’ai le plaisir de suivre les barbouillages et les autres actions politiques que toi et le collectif des déboulonneurs menez à Lille avec persévérance, humour et conviction. Au fil de ces années j’ai pu constater votre attachement viscéral à l’action non- violente, toujours soucieux du respect des personnes. Je nourris une certaine admiration pour votre ténacité dans la lutte contre la publicité, qui est l’un des principaux moteurs de la surconsommation et de la crise écologique globale. Vous faites œuvre d’utilité publique en attirant notre attention sur les dégâts sociaux et environnementaux de la publicité, tant légale qu’illégale.

En tant qu’enseignant-chercheur en science politique, j’ai pu mesurer le mur d’indifférence auquel vous vous heurtez sans cesse, dans une ville et dans un pays où les décideurs politiques renoncent souvent à faire retirer les nombreuses publicités illégales que l’on nous impose en toute impunité. C’est parce qu’ils démissionnent ainsi de leurs responsabilités que vous devez recourir à la désobéissance civique, en situation d’ultime recours.

C’est pour une action non-violente de ce type que vous comparaîtrez devant le tribunal de Lille, toi et une amie, le 9 juin 2015. Je vous adresse évidemment tout mon soutien à cette occasion. Il me semble que tout citoyen lillois soucieux de l’avenir ne peut qu’espérer votre relaxe.


Serge Latouche, Professeur émérite d’économie à l’Université d’Orsay, objecteur de croissance

Je ne me livrerai pas ici à une attaque en règle de la publicité en soi, ce qui excède l’espace de ce procès, mais je voudrais souligner l’importance et la légitimité de la désobéissance civile et civique pour faire respecter la loi (trop souvent bafouée en ce qui concerne l’affichage publicitaire) et pour pousser le législateur à faire respecter la décence, l’autonomie de la personne et la neutralité commerciale de l’espace publique. Ce conflit récurrent entre lois humaines imparfaites et valeurs éthiques s’illustre dans le présent cas, plus simplement, par le laxisme des règlements en vigueur ou l’absence de régulation face à la puissance des lobbies d’un coté et l’impuissance des citoyens de l’autre. Il ne s’agit pas de remettre en cause l’information raisonnable des citoyens, mais l’invasion abusive de l’espace public et tout particulièrement des rues, des places, des stations de métro, etc., par une publicité agressive et surdimensionnée qui défigure les paysages et empoisonne les esprits faibles.

Elément essentiel du cercle vicieux et suicidaire de la croissance sans limite, la publicité constitue le deuxième budget mondial après l’armement. Au total, pour l’ensemble du globe, cela représente un montant colossal de plus de 1000 Milliards de dépenses annuelles. « Et que fait l’Etat publicitaire, le Léviathan-pub, avec son budget astronomique ? » S’interroge le philosophe Michael Löwy. « Il nous abreuve, nous inonde de sa production. Il occupe les rues, les murs, les routes, les paysages, les airs et les montagnes. Il envahit les boîtes aux lettres, les chambres à coucher, les salles à manger. Il a mis sous sa coupe la presse, le cinéma, la télévision, la radio. Il a pollué le sport, la chanson, la politique, les arts. Il nous persécute, nous agresse, nous harcèle, du matin au soir, du lundi au dimanche, de janvier à décembre, du berceau à la tombe, sans pause, sans relâche, sans vacances, sans arrêt, sans trêve ». Comme le dit aussi très bien, de son côté, le député européen, Jean-Paul Besset : Le système publicitaire "s’empare de la rue, envahit l’espace collectif - en le défigurant - s’approprie tout ce qui a vocation publique, les routes, les villes, les moyens de transport, les gares, les stades, les plages, les fêtes". Ce sont des émissions "saucissonnées", des enfants manipulés et perturbés (car les plus faibles sont les premiers visés), des forêts détruites (40 kilo annuels de papiers dans nos boites aux lettres). Et, au final, les consommateurs paient l’addition soit plus de 500 euros en moyenne par an et par personne.

"Toute l’activité des marchands et des publicitaires, note le regretté collègue économiste, Bernard Maris, lui aussi lanceur d’alerte, assassiné avec l’équipe de Charlie-hebdo en janvier de cette année, consiste à créer des besoins dans un monde qui croule sous les productions. Cela exige un taux de rotation et de consommation des produits de plus en plus rapide, donc une fabrication de déchets de plus en plus forte et une activité de traitement des déchets de plus en plus importante".

Aujourd’hui, à l’heure où les menaces environnementales sont très présentes et en particulier le changement climatique, il particulièrement nécessaire de veiller au grain et de tirer le signal d’alarme du danger de l’affichage publicitaire abusif. L’épuisement des gisements de ressources naturelles non renouvelables (et en particulier des énergie fossiles) et l’exploitation déraisonnable des ressources renouvelables (stocks halieutiques, forêts tropicales, épuisement des sols) signalent le danger d’une consommation excessive dont la perte tragique de la biodiversité tandis que le dépassement des capacités de régénération de la biosphère, en particulier, en ce qui concerne les gaz à effet de serre (voir le 5ème rapport du GIEC), est plus qu’inquiétant pour l’avenir de nos enfants.

Il faut des lanceurs d’alerte comme Alessandro di Giuseppe pour réveiller les citoyens de leur apathie et faire bouger les choses. On peut discuter sur les moyens et regretter qu’il soit nécessaire de désobéir pacifiquement à un certain ordre établi, pour une nécessité autrement supérieure, mais il est difficile de ne pas reconnaître le bien fondé et la noblesse des sentiments qui animent l’inculpé.

Pour toutes ces raisons, J’apporte mon entier soutien à l’action des anti-pub et particulièrement à celle de Alessandro di Giuseppe dans leur combat légitime, courageux et nécessaire.


Jean-Claude Besson-Girard, peintre, écrivant, objecteur de croissance, auteur


Depuis les Grecs, ceux que l’on nomme « les bouffons » ont toujours tenu un rôle important, nécessaire et reconnu, de bas en haut, dans les hiérarchies des sociétés européennes. Alessandro Di Giuseppe est un de leurs héritiers. L’humour et l’insolence étaient leurs armes pacifiques. Leur fonction auprès des rois et des puissants était toujours de dire et de jouer « la vérité » en faisant rire. Nos sociétés post-modernes auraient-elles peur de « la vérité » qui, toujours, bouscule « l’ordre établi » ? La craindrait-elle, aujourd’hui, au point de traîner devant les tribunaux ceux qui la raillent en dénonçant avec humour les maux qui l’accablent.

Alessandro Di Giuseppe et ses amis « Les déboulonneurs » se sont attaqués à la publicité qui envahit scandaleusement les espaces publics pour vanter la marchandise, toutes la marchandises, matérielles et immatérielles. Ses et leurs actions relèvent de la désobéissance civile dont Gandhi affirmait qu’elle est « un droit imprescriptible de tout citoyen. (Qu’) Il ne saurait y renoncer sans cesser d’être un homme ».

Alessandro Di Giuseppe est un homme de bien que je connais, admire et approuve totalement. Il participe, avec son humour et son courage, d’un mouvement de pensée auquel j’appartiens moi-même, depuis 40 ans : Le mouvement de la décroissance qui rassemble la diversité de celles et ceux qui se nomment les objecteurs de croissance.

Notre société est déboussolée. Elle a perdu le Nord. Tout le monde le sait, mais beaucoup font semblant de ne pas le savoir et surtout n’agissent pas, ou si peu, pour qu’elle soit à la hauteur des grands enjeux qu’elle rencontre et que découvre, aujourd’hui, l’humanité entière.

Poursuivre et condamner Alessandro Di Giuseppe serait une infamie au moment même où émerge, enfin, dans l’opinion, l’idée que nous devons tous nous engager contre la crise climatique et l’effondrement de la biodiversité, car ce sont des questions de survie pour notre espèce. Et, personne de sensé ne saurait nier que l’envahissement publicitaire, comme toutes les activités liées au productivisme et à la croissance illimitée, sont responsables d’une atteinte à la vie sur notre planète, d’un accroissement obscène des inégalités, bref, d’une orientation suicidaire à terme.

Outre l’amitié que le lui porte, toutes ces raisons et ma conscience poétique et politique m’imposent d’affirmer qu’Alessandro Di Giuseppe doit être reconnu comme un modeste « bienfaiteur de l’humanité » et, par conséquent, libéré de toute poursuite judiciaire.


Rédaction d’Actualutte

Nous soutenons, en tant qu’équipe de rédaction du journal Actualutte, les personnes poursuivies à Lille dans le cadre de leur lutte antipublicité.


Marie-Noëlle Bas, présidente des Chiennes de garde

Soutien inconditionnel aux déboulonneurs qui permettent une réflexion
citoyenne face à la marchandisation extrême, pour rêver un futur différent
avec plus d’humanité et de solidarité, notamment sur l’égalité
femmes-hommes mise à mal par les stéréotypes sexistes employés soi-disant
sous forme d’humour par les publicitaires


Fabien Charbonnier, chercheur en agroécologie dans le Chiapas

Votre lutte est vitale pour le genre humain. Toute lutte pour la décroissance de notre consommation d’énergie fossile et contre l’endoctrinement des gens, les enfants en particulier, est aujourd’hui fondamentalement subversif, en cette période d’accélération vers le mur des limites.


Olivier Chantraine, Professeur émérite de Sciences de l’Information et la Communication à l’Université Lille III, militant du Parti de Gauche

A la veille du procès où vous serez poursuivis pour barbouillage et refus d’ADN, je voudrais vous exprimer ici mon plein soutien.

1 - Nos espaces publics de vie commune sont quotidiennement occupés, dénaturés par les messages marchands d’une consommation contraire à nos intérêts vitaux et collectifs. Les annonceurs s’approprient le décor de notre vie, l’espace de nos déplacements, acquittant des redevances aux gestionnaires publics et privés de ces espaces, sans aucun bénéfice ni aucune compensation pour les usagers.
L’alibi esthétique parfois convoqué pour légitimer la pub est dérisoire par rapport à la réalité de l’enlaidissement publicitaire. Images répétitives, de formats standardisées, relevant de codes de représentation médiocres, entretenant une représentation archaïque et lénifiante de notre vie.
C’est la promotion répétée et lancinante du mode de vie qui nous enfonce dans la crise morale et économique.
Dans ces conditions, vos "barbouillages" sont la légitime défense de la liberté d’expression et de l’appropriation citoyenne des espaces de vie.

2 - Le prélèvement d’ADN qu’on a voulu vous imposer, au seul motif d’une garde à vue elle-même injuste, injustifiée et inutile correspond à ne volonté de ficher et de tracer l’ensemble de la population, à la manière d’un cheptel à exploiter et protéger de lui-même.
C’est un réflexe de préservation minimum de votre dignité qui vous a fait refuse ce prélèvement. Lequel d’autre part constituait un présupposé de délinquance et de dangerosité que rien ne justifie.

C’est pour toutes ces raisons que je souhaitais vous exprimer mon plein soutien. Ma confiance dans la justice m’amène a espérer que vous serez acquittés et relaxés, car rien d’autre n’est envisageable dans un état démocratique concernant les faits pour lesquels vous êtes assignés...