Soutien aux déboulonneurs

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Compte-rendu du procès du 5 septembre

jeudi 11 septembre 2008, par nicolas

Raphaël Jolly, Valéry Mougel et Antoine Trouillard, membres du Collectif
des déboulonneurs, sont passés devant la 13e chambre du tribunal
correctionnel de Paris (Palais de justice), le 5 septembre 2008, pour
avoir barbouillé des panneaux publicitaires de l’afficheur JCDecaux en
décembre 2006.

Le procès, annoncé le matin même par France-Inter et un article dans
Le Parisien, a duré 1 h 50 et s’est déroulé sereinement, grâce au
calme et au respect de la cour (juge : Agnès Quantin, assistée de deux
assesseures ; procureur : Nicolas Baietto), grâce aussi au mutisme des
quelque 35 sympathisants entassés sur les bancs. La presse, toutes
formes confondues, était au rendez-vous (Agence France-Presse, France 2,
Radio-Télé-Luxembourg, France-Info, Rue89, Teknikart, ...).

La juge, en rappelant les faits, révèle que l’afficheur s’est constitué
partie civile, réclamant 7906,79 euros de frais de nettoyage et de
remise en état de ses 3 panneaux – à noter qu’il s’était agi d’un
barbouillage, soit d’un dommage reconnu par le parquet comme « léger »…
Détail amusant, relevé avec humour par la juge : le devis versé par
l’afficheur au dossier est daté du 27 nov. 2006, soit 26 jours avant le
barbouillage ! Les 3 prévenus se succèdent à la barre pour justifier
leur acte ; ni humbles, ni fanfarons, ils font parler la vérité, avec un
bon sens et une sensibilité qui paraissent toucher le tribunal : aucune
question piège ne leur sera posée. Quand vient le tour des témoins,
déception : le philosophe Bernard Stiegler (directeur culturel du centre
Beaubourg) a dû quitter le Palais pour se rendre à un rendez-vous ;
Sylvie Travaglianti (photographe féministe) déplore le « publisexisme »
 ; Nicolas Hervé récapitule les espoirs déçus en matière d’avancée de la
cause au sein du milieu politique. Le procureur, resté muet et amorphe
depuis le début du procès, remplit laborieusement et sans conviction ses
dix minutes de réquisitoire – tout au plus trouve-t-il à reprocher aux
prévenus leur « dramatisation excessive » des nuisances publicitaires,
le caractère « enfantin » du mot « barbouillage » et l’« 
instrumentalisation » du tribunal par les militants ; bref, il n’a rien
à dire, si ce n’est pour avouer à demi-mot qu’il trouve tout ce débat « 
intéressant »… Ce qui ne l’empêche pas – pour se faire valoir ? – de
requérir de 300 à 500 euros. Les avocats, ensuite : Aïcha Condé insiste
sur le caractère symbolique des faits, et François Roux stigmatise,
notamment, l’« abus de droit » que constituent selon lui l’agression
publicitaire et la complicité des pouvoirs publics ; il rappelle le
tribunal à son devoir de « résistance » et demande à la juge de « dire
le droit » conformément au rôle joué par ses prédécesseurs dans
l’histoire.

Jugement mis en délibéré jusqu’au 17 octobre (à 13 h 30).

Article et vidéo sur Rue89

Rappel : compte-rendu de l’action ayant provoqué ce procès