Paris - Barbouillage de panneaux scandaleux

Hier après-midi (25 octobre 2008) avait lieu la 30e action du Collectif des déboulonneurs de Paris. Le rendez-vous était fixé à 15 heures à la sortie du métro Porte de Vincennes. Devant un public venu soutenir les barbouilleurs et quelques journalistes, sept membres du Collectif ont inscrit leurs messages sur des panneaux publicitaires implantés des deux côtés du Cours de Vincennes. On a ainsi pu lire "Limitons la pub" ou encore "Légitime réponse", faisant écho aux revendications du Collectif visant à réduire la taille des panneaux publicitaires pour qu’ils ne soient plus une pollution visuelle et que chacun puisse avoir le choix de recevoir ou non le message commercial diffusé. Au total six panneaux ont été barbouillés appartenant aux trois principales sociétés d’affichage (Avenir-JC Decaux, Clear Channel et CBS Outdoor). Cinq militants ont été conduits au commissariat du 12e arrondissement pour y être entendus et pour expliquer leur geste. Ils sont ressortis libres trois heures plus tard.

Parmi les panneaux touchés, deux sont tout particulièrement scandaleux. La société CBS Outdoor a en effet installé ses dispositifs dans l’enceinte du lycée public Maurice Ravel, à l’angle du Cours de Vincennes et de la rue du Général Niessel. Interpellée à ce sujet par l’association Résistance à l’Agression Publicitaire lors de la campagne "Pas de publicité sur les murs de nos collèges et lycées", la Région Ile de France répondait par un courrier d’Elisabeth Gourevitch, vice-présidente PS, daté du 12 mai 2005 :

« Je tiens à vous assurer que la Région Ile-de-France n’a aucune intention de permettre l’installation de panneaux publicitaires dans les lycées, bien au contraire nous avons par le passé fait déposer ceux qui pouvaient exister dans certains établissements.
Par ailleurs, en ce qui concerne les dotations de fonctionnement allouées aux établissements scolaires par la Région, elles sont de nature à permettre aux lycées d’assurer tout à fait normalement le fonctionnement quotidien des établissements. S’il arrive que des établissements rencontrent des difficultés, leur situation est examinée avec attention et le cas échéant des dotations complémentaires peuvent leur être attribuées.
Ainsi, les établissements franciliens ne sont absolument pas dans l’obligation de rechercher des ressources par l’apport de financements privés. »

Nous demandons donc à la Région de tout mettre en oeuvre pour respecter ses engagements et faire démonter au plus vite ces panneaux.

De plus, la municipalité parisienne a négocié l’an dernier un nouveau Réglement Local de Publicité. Bien que largement insuffisant à nos yeux, il comporte quelques mesures intéressantes, notamment l’interdiction d’installer des panneaux publicitaires dans un rayon de 50 mètres autour des établissements scolaires. Aux dernières nouvelles, après plusieurs épisodes judiciaires lors desquels les afficheurs ont tenté de faire annuler ce nouveau règlement, seule la signature de M. Delanoë était attendue pour qu’il entre en vigueur [1]. Plusieurs sources au sein de l’Hôtel de Ville nous rapportent des rumeurs de renégociations visant à revenir sur certaines mesures de ce RLP. Les engagements pris au Conseil de Paris fin septembre ne nous rassurent pas pour autant.

Nous avons malheureusement ici encore le parfait exemple de la duplicité de nos élus concernant l’affichage publicitaire. D’un côté on assiste à de grandes annonces visant à rassurer l’opinion publique, largement désireuse de voir cesser le matraquage publicitaire et la pollution visuelle, et de l’autre on constate sur le terrain que rien ne bouge et que le laisser-faire est toujours de rigueur.
Tant que cette situation perdurera et qu’un débat national débouchant sur une refonte de la loi de 1979 n’aura pas eu lieu, le Collectif des déboulonneurs continuera ses actions mensuelles de barbouillage. Rendez-vous fin novembre !

La photo illustrant ce communiqué est de BastieN. Tous droits réservés.
Voir aussi le photos de Cyril Cavalié, de Hughes Léglise-Bataille et de Julien Muguet